Jusqu'à très récemment, les dépôts métalliques de l'âge du Bronze étaient uniquement le fruit de découvertes fortuites. Toutefois, la plupart, anciennes et souvent isolées de leur contexte, restent mal documentées quant à leur lieu et leur mode de déposition. Les campagnes de prospections systématiques au détecteur menées depuis plusieurs années dans un cadre tout à fait légal et formel dans le secteur de Salins-les-Bains, en complément des études du site fortifié du « Camp de Château », ont permis la découverte d'un nombre remarquable de dépôts datant principalement de la fin du Bronze moyen (Bz C) et du début du Bronze final (Bz D/Ha A1). Cette zone, contrôlée par cinq sites fortifiés, occupés à différentes périodes de l'âge du Bronze, constitue un point de passage privilégié entre les plaines de la Saône et de la Loue et les plateaux du Jura central. La présence des sources salées des marnes du Trias donne à cette région un atout supplémentaire, propice au développement des échanges. Cette concentration de dépôts constitue un phénomène rare qui n'est sans doute pas étranger à cette situation.

Placées dans des contextes topographiques très particuliers, ces découvertes récentes nous offrent une image renouvelée de la pratique de la déposition. Elles permettent maintenant de mieux nous interroger sur la signification de la répartition spatiale des dépôts et les choix des lieux d'enfouissement. Nous en présentons ici une étude préliminaire. Nous nous interrogerons notamment sur la place des dépôts dans leur environnement et sur leurs relations avec les sites fortifiés et les points marquants du paysage (voies de passage, sommets). Leur perception depuis certains points stratégiques a-t-elle influencé le choix de leur emplacement ? La visibilité que l'on a depuis les lieux de déposition permet-elle de revenir sur les interprétations de ces actes codifiés ? Il s'agira d'une première réflexion sur les relations d'intervisibilité entre les différents sites et avec les lieux qui ont structuré ce secteur particulier.