En dépit des dégâts commis par les séismes, les ruines du sanctuaire de Saint-Syméon, construit en gros appareil orthogonal, comme la plupart des sites antiques du Massif Calcaire de Syrie du Nord, se dressent encore fièrement dans le paysage, jusqu'à l'assise sommitale pour certains pans ! Ils constituent, avec les éboulis qui jonchent le pied des murs et le sédiment progressivement accumulé tout autour, les phases distinctes mais complémentaires de l'étude archéologique du monument. Le relevé des vestiges en place forme l'assise de l'exercice de rétro-conception de l'architecture aux différentes périodes d'occupation. L'inventaire des blocs à terre procure un supplément d'information pour émettre des hypothèses relatives à l'anastylose du monument. Enfin, la fouille de secteurs spécifiques apporte, outre la connaissance de la culture matérielle aux époques antérieures, des indices essentiels sur les rapports chronologiques entre les organes déjà visibles ou exhumés de la construction. La mission archéologique française de Saint-Syméon-le-stylite, portée par L'UMR 8167 du CNRS, Orient et Méditerranée, et en grande partie financée par le ministère des affaires étrangères et européenne, s'est engagée dans la tri-dimensionnalisation des relevés architecturaux dès le début des années 2000 grâce à un partenariat avec l'École Nationale des Sciences Géographiques. Il s'agissait initialement de contrôler des restitutions photogrammétriques anciennes et de leur support topométrique. L'émergence de technologies de mesure nouvelles, scanner 3D notamment, et de leur application dans les domaines de l'archéologie et du patrimoine architectural ont conduit à modifier la stratégie de capture des données métriques et de leur exploitation. Un partenariat, avec l'UMR 3495 (MAP) a permis d'élargir le champ d'étude à l'ensemble du site de Télanissos et du terroir environnant. La recherche sur les différents modes de prélèvement de mesures et de représentation des objets est devenue une composante importante du projet global de la mission et constitue l'axe principal de recherche de la thèse de doctorat que prépare Micheline Kurdy.

Cette thèse constitue une approche méthodologique sur les outils et les techniques numériques et leur rôle important en archéologie. À quel points deviennent-ils nécessaires et indispensables ? Comment pouvons-nous bénéficier au maximum des possibilités qu'ils offrent pour la conservation, l'analyse et le partage des connaissances ?

Les données tri-dimensionnelles acquises au cours des années nous donnent une plate-forme importante sur laquelle peut être appliquée la schématisation proposée.

Basé sur cette approche, un protocole de travail a été établi sur « La Résidence », un bâtiment civil du village Télanissos. Une combinaison de plusieurs techniques a été appliquée et utilisée afin de construire une maquette numérique servant le support privilégié pour la navigation et les interactions avec les sources documentaires qui ont permis de réaliser une restitution hypothétique du bâtiment. Le système d'information NUBES a été utilisé pour décrire, analyser, documenter et partager les représentations numériques de cet édifice.

La principale contribution de ce travail porte sur l'association de la réflexion archéologique avec la méthodologie du travail d'une manière dynamique et du point de vue multi-utilisateurs en particulier dans les sites complexes comme celui de Saint-Syméon.